Lettre BFC Banque Privée n°12

VERS LA FIN DES FONDS EN EUROS ? BANQUE POPULAIRE BOURGOGNE FRANCHE-COMTÉ − BFC BANQUE PRIVÉE JANV 2020 LETTRE N°12 P A RO L E S D ' E X P E RT « Jusqu'ici tout va bien, jusqu'ici tout va bien, jusqu'ici tout va bien. Mais l'important n'est pas la chute, c'est l'atterrissage ! » Les rendements moyens des fonds en euros baissent inexorablement depuis plusieurs années : 3,40 % en 2010, 2,30 % en 2015, 1,80 % en 2018 et, c’est désormais une certitude, la rémunération globale a diminué sensiblement en 2019. Ce constat alarme de nombreux épargnants. En effet, selon les derniers chiffres de la Fédé- ration Française d’Assurance, le « placement préféré des Français », avec un encours s’éle- vant à 1 776 milliards d’euros à fin septembre 2019, est composé à 80 % de fonds en euros. La destitution du fonds en euros L’offensive à l’encontre du fonds en euros a été initiée par l’assureur Generali France dont le PDG, Jean-Laurent Granier, décla- rait fin septembre 2019 aux Échos : « Nous croyons plus que jamais à l'assurance-vie mais compte tenu de cette situation sans précédent, il faut revisiter le modèle d'épargne. Le modèle de la sécurité absolue, de la liquidité permanente, de la garantie to- tale et à tout instant du capital, qui est fina- lement une réplication du modèle du Livret A, est à bout de souffle. Le monde du fonds euros roi est terminé ! ». Pour mieux comprendre les raisons de cette destitution, il faut s’intéresser de plus près à la composition des fonds en euros. L’actif général d’une compagnie est compo- sé à plus de 80 % d’obligations, dont environ 40 % en obligations souveraines. Le pro- blème est qu’en dépit d'une dette publique dramatique, l’intérêt servi par les obliga- tions d’État baissent drastiquement, y com- pris en Italie et en Grèce. Le rendement de l’OAT 10 ans de la France évolue même en territoire négatif depuis le 18 juin 2019 ! La France n’est pas un cas isolé. En effet, début août, les rendements des emprunts d'État à 30 ans de l’Allemagne et des Pays-Bas sont également passés en territoire négatif pen- dant plus d’un mois. De surcroît, l’ACPR – Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution – appelle les assu- reurs à faire montre d’une grande prudence afin qu’ils augmentent leurs réserves de ren- dement. Ces dernières représentent plus de 3 % de l’encours des fonds en euros. Or, le fait d’augmenter les réserves implique mathémati- quement une diminution du rendement… L’investissement à 100 % en fonds euros, qui offre désormais un rendement net inférieur au taux d’inflation, semble définitivement derrière nous. Faut-il tourner la page, accep- ter qu’il soit désormais impossible de conju- guer sécurité absolue et espérance de gain raisonnable ? Le fonds en euros est mort, vive le fonds euros ? Après avoir ainsi instruit le procès du fonds en euros, il est temps de rendre le jugement ! Tout semble le condamner à mort et pour- tant, il continue de justifier de son utilité dans de nombreuses situations. En dépit d’un rendement inférieur à l’infla- tion, il offre toujours une rémunération su- périeure à celle offerte par tous les livrets d’épargne (en moyenne 1,80 %, hors fiscali- té, en 2018 contre 0,75 % pour le livret A). De plus, il fonctionne comme un livret d’épargne sur lequel on peut verser et reti- rer librement (non sans frais, il est vrai) tout en offrant une totale garantie en capital. Le monde du fonds euros roi n’est donc pas to- talement révolu… Le fonds en euros, qui échappe à la peine capitale au profit d’un simple sursis, vous contraint désormais à un choix. Si pour vous, la protection prime la performance, vous devez accepter de renoncer au rendement pour conserver la garantie totale et la dis- ponibilité des capitaux offerte par le fonds en euros. À l’inverse, si vous souhaitez va- loriser durablement votre patrimoine plutôt que d’assurer une protection totale de votre capital, vous serez amené à diversifier vos placements sur des unités de compte. Les alternatives au fonds en euros La faible rentabilité du fonds en euros conduit à établir un constat : la rentabilité doit être la contrepartie d’un risque. Avant même de s’intéresser à d’autres placements possibles, il sera nécessaire de définir votre profil d’inves- tisseur, lequel est fonction du risque accepté et de l’horizon d’investissement. En règle gé- nérale, si vous êtes plutôt « prudent », votre part en unités de compte (UC) ne dépassera pas 30 %. En revanche, si vous êtes plutôt « dynamique », la part en unités de compte sera comprise entre 50 % et 100 %. Une fois ce préalable rempli, il sera temps de sélectionner des unités de compte afin de valoriser durablement votre capital, l’objec- tif n’étant pas d’établir une liste exhaustive de l’ensemble des alternatives existantes, mais de mettre en avant les solutions qui semblent pertinentes : • Les supports immobiliers Avec un rendement moyen de 4,35 % en 2018, les SCPI (Sociétés Civiles de Placement Im- mobilier) ont encore délivré une belle perfor- mance l’année dernière. Investies en immobi- lier tertiaire (bureaux, commerces, résidences spécialisées,etc.), les unités de compte placées en parts de SCPI ou SCI constituent toujours une bonne source de diversification. De plus, investir sur ces supports via un contrat d’assu- rance-vie permet de bénéficier d’une fiscalité réduite sur les revenus et sur la transmission. • Les marchés financiers Au sein des unités de compte, on retrouve les fonds actions, obligataires ou diversifiés et, depuis la loi Pacte de cette année, ceux en capital-investissement, lesquels vous permettront de dynamiser votre épargne. Si tous ces termes vous semblent abscons ou si vous n’avez simplement pas le temps de gérer votre contrat, il est possible de déléguer à des professionnels la gestion de ce dernier via un mandat d’arbitrage.Après avoir déterminé votre profil de risque – se- lon vos objectifs et horizons de placement –, vous bénéficierez de l’efficacité d’une ana- lyse professionnelle, d’une gestion person- nalisée et d’une information complète et régulière en fonction de votre profil, de la situation des marchés financiers, des prévi- sions et anticipations des experts. • Les fonds à formule Les fonds à formule, parfois appelés « pro- duits structurés » ont pour objectif de restituer, lors de l’ouverture d’une fenêtre de sortie anticipée, l’investissement initial majoré d’une performance conditionnée par l’évolution d’un indice boursier. Ces fonds offrent une alternative à un placement risqué de type actions, avec un capital par- tiellement protégé jusqu'à un certain seuil de baisse de l'indice de référence du fonds (généralement de - 30 % à - 40 %). Pour conclure Les fonds en euros continuent de trouver leur place dans une allocation d’actifs grâce à leur souplesse, à leur disponibilité et à leur sécurité. Cependant,afin de valoriser durablement votre capital,il apparaît désormais – et plus que jamais – nécessaire d’abandonner, au moins en partie, la sécurité offerte par ce « fonds roi déchu » pour se tourner vers les unités de compte. Jonas RENIAUD, Ingénieur Patrimonial Junior

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